Alt. 858m Carte – Plan
Le village en bordure du plateau
Les gorges du Chassezac
Le donjon et les restes du château de La Garde-Guérin
Le parcours de golf neuf trous avec en arrière plan le village
Historique de La Garde-Guérin Vieux village fortifié, remarquablement situé aux abords du GR700 Voie Régordane et au-dessus des Gorges du Chassezac qu’il domine de 400 mètres.
En 1965, La Garde Guérin était un village presque abandonné, où se maintenaient avec difficultés quelques agriculteurs. Il y avait pourtant un patrimoine architectural, très riche, à sauvegarder. Il était possible de restaurer ce village unique en son genre, de recréer un cadre de vie économique et social. Grâce à la Direction de l’Architecture à Paris, La Garde Guérin fut retenue comme village pilote et bénéficia de subventions importantes. La création d’une auberge dans la plus belle maison du village, la restauration de l’église classée Monument Historique, les travaux d’aménagement des rues et remparts ainsi que l’adduction d’eau furent entrepris en 1966 et durèrent quelques années. 40 ans plus tard, ce qui était un pari est devenu une réalité: les habitants sont restés dans le village, d’autres sont venus s’installer définitivement ou pour les vacances, après la remise en état de la plupart des maisons autrefois abandonnées. Maintenant l’action concertée des habitants au sein d’une Association permet la continuité de l’oeuvre entreprise. La Garde Guérin est devenu un lieu visité. Le respect de l’environnement et la mise en valeur du patrimoine architectural de ce site lui ont redonné son identité et sa vie. Une identité forte, une vie riche de tout un passé transmis à l’homme pour l’éclairer, lui révéler une dimension autre, en lui faisant prendre conscience de l’importance de son environnement en tant que composante nécessaire de son équilibre, de son art de vivre, ce dont témoigne la beauté de ces lieux ! René Schmitt Architecte des Bâtiments de France Honoraire.
La Garde-Guérin est un vieux village fortifié, remarquablement situé aux abords du GR700 Voie Régordane et au-dessus des Gorges du Chassezac qu’il domine de 400 mètres. Le voyageur aperçoit de loin le village, bâti à près de 900 mètres d’altitude, sur un plateau de grès, souvent balayé par les vents. Le socle du plateau est formé de roches granitiques, dans le dédale desquelles le torrent du Chassezac a creusé des gorges impressionnantes. Le village bénéficie d’une situation exceptionnelle et domine tout le paysage alentour. Il suffit pour s’en convaincre de se rendre sur le Pré de la Tour ou au belvédère des Gorges du Chassezac. On peut aujourd’hui encore tout voir à la ronde, et sans obstacle. De plus, le site est traversé par le GR700 Voie Régordane qui a eu de tout temps un rôle important. C’est une voie de communication naturelle, tracée du Nord au Sud, sur la face orientale des Cévennes. Elle reliait Montpellier et Nimes au Puy en Velay et à Clermont Ferrand, montait par Alès, Portes, Chamborigaud, Génolhac dans le Gard, Villefort, continuait vers La Garde-Guérin, Prévenchères, Le Thort, La Bastide Puylaurent, Luc, Langogne en Lozère et Pradelles en Haute-Loire. Ce site porte les vestiges d’une solide implantation humaine dès le néolithique. Comment l’antique chemin de la Régordane ne serait-il pas jalonné de stations plus ou moins fortifiées? La Garde-Guérin était un endroit rêvé pour installer un cap barré, c’est à dire une station fortifiée avec des palissades en bois, plutôt qu’avec des pierres. Plus tard, les Gaulois ont dû édifier un oppidum ou place forte. Malheureusement nous ne savons rien de cette époque. Ce que nous pouvons dire, c’est que ce chemin Régordane était une voie préromaine de transhumance. Avant la conquête de la Gaule par César en 52 avant Jésus-Christ, la tribu celte des Gabales occupait le territoire de la Lozère actuelle. Ils ont participé à la lutte pour l’indépendance de la Gaule aux côtés de Vercingétorix et de la tribu des Arvernes dont ils étaient les « clients »: ils leur devaient respect et dévouement, certaines prestations et l’assistance militaire.
Un fromage apprécié des Romains. Les Gabales vivaient de culture et d’élevage et utilisaient la Voie Régordane comme voie de transhumance et comme voie de commerce pour le vin et d’autres produits des Cévennes qui étaient déjà vendus à Nîmes, les fromages par exemple. Pline le naturaliste, qui mourut au 1er siècle de notre ère au cours de l’éruption du Vésuve, disait que le fromage le plus apprécié à Rome était celui du Mont Lozère et des Cévennes. Les Gallo-Romains ont continué à emprunter cette route. On sait en effet que loin de s’attacher au principe du tracé en ligne droite, les voies romaines suivent souvent les sinuosités des itinéraires gaulois antérieurs. Ils se déplaçaient avec des chars, et un système de relais au long de la voie leur permettait de monter des produits de la Méditerranée jusqu’en Lozère. On a d’ailleurs trouvé des coquilles d’huîles au cours des fouilles effectuées sur différents sites archéologiques. A certains endroits, à l’Estrade de Saint-André de Cap-Cèze par exemple, on peut voir distinctement les ornières tracées par les roues des chars. Ces ornières sont distantes de 1,42m comme à Pompéi. A Coudoulous, sur une bretelle de la Régordane, qui partait à l’ouest vers Mende, on peut même voir dans le rocher la trace des « sabots » qui permettaient aux conducteurs de char, qui peinaient dans la
montée, de retenir le char à l’arrêt.
A proximité de cet arrêt, on a découvert, gravés dans le rocher, les mots « Marcus » et « Jovi »: un prénom romain, le dieu Jupiter. Ces inscriptions latines montrent bien que les Romains empruntaient cette voie. Il est probable que le chemin Régordane a été encore en usage aux époques mérovingienne et carolingienne. Les voyageurs la suivaient à leurs risques et périls. En témoigne « Le Grand Charroi de Nîmes », une chanson de geste qui relate la descente de Régordane par les troupes franques allant délivrer Nimes des Sarrazins. Après la dislocation de l’Empire Carolingien, la sécurité n’était plus assurée par le pouvoir central, surtout au sud de la Loire, où « passé le début du Xème siècle « , écrit Georges Duby, « l’évolution des pouvoirs s’est poursuivie dans l’indépendance ». Des pouvoirs locaux se sont organisés autour de certains sites privilégiés, celui de La Garde-Guérin en était un, grâce à sa position sur un axe de communication fréquenté. Cela n’avait pas échappé aux seigneurs qui y ont mis en place au Xlème siècle, peut-être même avant, des gens qui gardaient la voie et assuraient la protection des voyageurs et des marchandises. Ils avaient sans doute construit très vite, dès le Xlème siècle peut-être, un château avec une tour de guet. Le village actuel doit la première partie de son nom à l’existence de cette construction du haut de laquelle on pouvait surveiller tout l’horizon.
Dans le « Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France », nous pouvons lire que le mot « Garde » vient du germanique Wart » et signifie garde, tour de garde, forteresse. Beaucoup de villages ou de villes en France s’appellent aussi La Garde: La Garde Freinet, La garde Adhémar, et on a pu remarquer qu’ils étaient tous construits sur des hauteurs, dans des sites stratégiques. A La Garde Freinet par exemple, une forteresse sarrasine avait été construite au IXème siècle. Il semble que longtemps on ait parlé de la place forte de La Garde. Dans un texte écrit au XIIème siècle, en latin tardif, on peut lire: « castrum quod vocatur la Garda », la place forte que l’on appelle La Garde. On ne sait pas au juste quand fut ajouté au nom de La Garde celui de Guérin. On pense généralement que les seigneurs qui s’installèrent à La Garde vers le XIIème siècle étaient des Guérin. « Guérin » est un patronyme commun aux trois baronnies de Randon, d’Apchier et du Tournel. L’existence des Guérin est attestée dans un acte de donation à l’abbaye de Gellone aujourd’hui Saint-Guilhem du Désert daté de 1054. C’est un Guérin du Tournel qui a pris en charge ce château, qui en est devenu le suzerain. Le Tournel en effet se trouvait solidement implanté à Villefort et possessionné à La Garde. Les Seigneurs du Tournel étaient maîtres du Mont Lozère et d’une partie du Sauveterre. Ils tenaient garnison en quelques points névralgiques et ne tardèrent pas à porter toute leur attention à cette voie de pénétration unique reliant le Midi au Massif Central. On ne passait pas sur les rives du Rhône, de tout temps frontière solidement gardée. Lorsqu’on ajouta au nom de La Garde, celui de Guérin, n’a-t -on pas voulu rendre hommage à ces puissants seigneurs Guérin du Tournel ? Association G.A.R.D.E